
La création d’une communauté économique homogène d’Etats d’Afrique subsaharienne confrontés à de mêmes problématiques démographiques et de malnutrition, pourrait s'avérer pertinente. Plus économiquement opérationnelle et exécutive que politique et administrative, celle-ci doit aussi avoir l'ambition de s’exonérer d’idéologies pour mieux concilier les impératifs que sont la préservation de l’environnement et l'indispensable industrialisation qui modernisera la région et fera reculer l'extrême pauvreté.
La mutation d’activités et d’emplois informels offrira de nouvelles ressources fiscales aux Etats. Chacun pourra alors financer et bâtir souverainement de plus en plus de services publics et d'infrastructures. Par ailleurs, une mutualisation de moyens et des collaborations au sein de nouvelles chaines de valeurs alors disséminées dans des pays d’Afrique subsaharienne, génèreront de la cohésion et seront de nature à apaiser des conflits ethniques ou des relations entre nations africaines. Le rôle central des femmes au sein du projet, permettra d’enrayer l’explosion démographique en 2 à 3 générations et de juguler ainsi un chaos humanitaire annoncé.
60 ans d’aide au développement (APD), 50 ans de CEDEAO, plan de l’OUA en 1980 et de l’UA en 2015 ou politiques des institutions internationales, l’industrie de l’Afrique subsaharienne n’a jamais décollé et parfois reculé dans certains pays. Peut-être est-il temps de changer de modèle

Vers une aide publique au développement (APD) réduite au minimum ?
1500 milliards d’euros d'argent public ont été dépensés pour une aide au développement (APD) de l'Afrique subsaharienne peu efficiente au cours des 6 dernières décennies souvent en raison d’une déperdition. Dispersés dans une myriade d’organisations au fonctionnement coûteux, les dons servent rarement l’objectif initial de développement économique. Les USA ont récemment annoncé la suppression de 92% des financements de programmes à l'étranger de l’USAID et l’APD européenne pourrait baisser de 30 ou 40 % au cours des prochaines années. Les pays d’Afrique subsaharienne compteront parmi les plus impactés.
La création des Etats Unis d’Afrique subsaharienne serait pertinente
Le cadre trop large de l’Union Africaine (UA) ne lui permet pas de fédérer et la multiplicité de ses objectifs conduit finalement à l'immobilisme depuis 60 ans. Aussi convient-il de ne pas reproduire les mêmes erreurs. L’orientation doit être précise et la vision claire. Une appartenance au même continent ne motive pas systématiquement une union de l’ensemble des pays. Citons les USA qui ne comprennent guère le Canada, l’Amérique Centrale et du Sud. Il faut tenir compte de paramètres économiques, historiques, culturels, sociologiques et géopolitiques. Mais même lorsque les pays sont peu éloignés à divers égards ainsi que cela est le cas dans l’UE, une grande disparité de salaires peut opposer les travailleurs et générer beaucoup de dumping. Une union économique d’Etats dont la plupart des intérêts diffèrent, s’avère rarement bénéfique pour l’ensemble de ses pays membres. Aussi faut-il construire un modèle harmonieux. Pour exemple, les subsahariens considèrent souvent que la politique qui préconise depuis une vingtaine d’années un axe Europe-Méditerranée-Afrique, s’apparente à une forme de colonisation par procuration ou à une hiérarchisation économique condescendante et humiliante.
La genèse du programme d'industrialistion
Etats-Unis d’Afrique subsaharienne (EUAS) ou United States of Sub-Saharan Africa (USSA) constitue le dernier volet et la synthèse de travaux économiques entrepris depuis plusieurs années dont le Plan de régionalisation de production Europe Afrique qui prône une importante collaboration entre l’Europe et l’Afrique pour transférer des savoir-faire et technologies industrielles indispensables au développement, le Programme pour l'industrialisation de l'Afrique subsaharienne en moins de 20 ans qui expose un plan concret de 1 000 milliards d’euros financé par un fonds dédié et Africa Atlantic Axis qui trace de nouvelles voies d’exportation lors de l’industrialisation africaine. International Convention for a Global Minimum Wage permettrait d’accélérer l’éradication de l’extrême pauvreté et de la malnutrition. Les solutions avancées sont elles-mêmes issues de nos travaux de recheche et milliers de pages rédigées depuis plus de 15 ans en matière d’équilibres structurels et financiers détruits au sein d’économies occidentales et des réponses à apporter dont une part publiée dans des médias français et étrangers.
Le programme d'industrialisation s’organisera ainsi : 30 % sera consacré à la création de 100 zones d’activités industrielles et commerciales modernes et sécurisées dans une quarantaine de pays. 40 % ira vers des prêts aux entreprises locales et étrangères, participations dans des projets à haut potentiel. 30 % servira à ériger 100 villes écologiques proches des zones industrielles qui accueilleront 150/200 millions d’habitants.
Quels financements ?
Le fonds d’investissement dédié au « programme pour l’industrialisation de l’Afrique subsaharienne » se dotera de 1 000 milliards d’euros en 20 ans. Il sera abondé par des capitaux privés et le transfert d’une part de la dotation annuelle (224 milliards de dollars en 2023) d’aide publique au développement (APD) bilatérale et multilatérale fournie par les 32 pays du Comité d'aide au développement (CAD) de l’OCDE. Nous pourrions aussi orienter une part des 300 milliards de dollars annuels de prêts ou dons promis au pays en développement dans le cadre de la COP 29.
Il est certain que les pays donateurs préfèreront convertir leur argent public en capitaux privés placés dans un fonds d’investissement qui les préservera et les rétribuera. Cette bonne gestion de deniers publics auparavant dépensés à fonds perdus avec peu d’efficience sur le développement de pays aidés, satisfera chacun. Les montants seront déductibles des contributions annuelles d’aide proportionnelle au revenu national brut (RNB) recommandée par l’ONU. Il nous faudra néanmoins, en attendant que les projets industriels produisent des effets, user de dispositifs de compensation et nous adosser à des investissements extérieurs afin de satisfaire aux impératifs de rentabilité et de garantir ainsi aux pays investisseurs, un rendement minimum dès la première année. Le cap clair de notre concept d’écosystème financier et industriel qui tracera de nouvelles voies, séduira un univers de la finance et de l’entreprise en quête de perspectives dans un environnement géopolitique mondial en mutation. Publié le mercredi 26 mars 2025
Francis Journot est le fondateur du projet Etats-Unis d'Afrique Subsaharienne (EUAS) et du Programme pour l'industrialisation de l'Afrique subsaharienne