États-Unis d’Afrique Subsaharienne (EUAS) - United States of Sub-Saharan Africa (USSA)

États-Unis d’Afrique Subsaharienne (EUAS)

Plaque 2 brillante sans bords

Le sens des États-Unis d’Afrique Subsaharienne (EUAS)

Femme benin

Absence d’industrialisation ou recul dans certains pays, augmentation de l’extrême pauvreté dans un contexte de démographie galopante mais aussi multiplication de conflits ethniques et religieux qui auraient pu parfois être évités si le développement et la prospérité avaient été au rendez-vous. Tels sont les reproches formulés par les africains subsahariens à l’égard de l’Organisation de l'unité africaine (OUA) et de l’Union africaine (UA) depuis leur création.

Aussi faut-il faire le constat de l’échec de l’ensemble des institutions internationales dont la politique d’aide au développement (APD) en silo et peu globale a couté plus de 2 000 milliards d'euros d'argent public en 60 ans. Au moment où une crise humanitaire et sécuritaire sans précèdent se profile, il est urgent de changer de paradigme. 

Doté d’un programme d’industrialisation de l’Afrique subsaharienne en moins de 20 ans, le projet Etats-Unis d’Afrique Subsaharienne (EUAS) ou United States of Sub-Saharan Africa (USSA) se veut pragmatique et s'appuie sur une stratégie systémique de politique industrielle. Son approche holistique et simultanée rompt avec les modèles de pensée linéaires et des schémas économiques qui ont échoué. La création d'écosystèmes productifs et des péréquations intersectorielles favoriseront une viabilité macroéconomique et une rentabilité des investissements dans le fonds dédié. 

Par Francis Journot le mercredi 26 mars 2025 

Ni fédération ni autorité supranationale, un modèle de coopération qui respecte la souveraineté des États

La construction d’une communauté économique homogène d’Etats d’Afrique subsaharienne confrontés à de mêmes problématiques démographiques et de malnutrition, pourrait s'avérer appropriée. Ni fédération ni autorité supranationale, ce modèle de coopération qui n’entamera pas la souveraineté des États, pourrait ainsi favoriser l’intégration économique, la solidarité et la stabilité régionale. Plus économiquement opérationnel et exécutif que politique, le groupement devra parfois savoir s’exonérer d’idéologies pour mieux concilier les impératifs que sont la préservation de l’environnement et l'industrialisation qui fera reculer l'extrême-pauvreté. Cette alliance plus profitable que contraignante pour ses membres, pourrait d’abord séduire 20 à 40 pays puis rassembler à terme, l’ensemble de la région autour du programme.

La mutation d’activités et d’emplois informels élargira l’assiette fiscale et offrira alors de nouvelles ressources aux pays africains. La capacité d’un Etat à lever de l’impôt constitue l’un des critères sur lesquels s'appuient les institutions financières. Les Etats emprunteront donc plus facilement. Ils pourront financer et bâtir souverainement de plus en plus d'infrastructures et de services publics. Une mutualisation de moyens et des collaborations au sein de nouvelles chaines de valeurs alors disséminées dans des pays d’Afrique subsaharienne, génèreront de la cohésion et seront de nature à apaiser des conflits ethniques ou des relations entre nations africaines. Le rôle central des femmes au sein du projet, permettra d’enrayer l’explosion démographique en 2 générations et de juguler ainsi un chaos humanitaire annoncé. 

Le projet des États-Unis d'Afrique subsaharienne (EUAS) se différencie radicalement du concept politique panafricain des « États-Unis d'Afrique » né en 1924, repris dans les années 40 et relancé en 2007 par le président libyen Mouammar Kadhafi qui prônait un État fédéral unique et autoritaireMais ces tentatives d’instauration des États Unis d’Afrique en tant que fédération politique, n’ont jamais recueilli l'adhésion de nations africaines qui entendent garder leur souveraineté.

60 ans d’aide au développement (APD), 50 ans de CEDEAO, plan de l’OUA en 1980 et de l’UA en 2015 ou politiques des institutions internationales, l’industrie de l’Afrique subsaharienne n’a jamais décollé et parfois reculé dans certains pays. Peut-être est-il temps de changer de modèle  

Croissance 2025 afrique subsaharienne

Vers une aide publique au développement (APD) réduite 

L'argent public consacré à l'aide publique au développement (APD) a souvent été gaspillé durant 6 décennies. Son manque d'efficience est fréquemment dû à des détournements et à une déperdition des fonds. Dispersés dans une myriade d’organisations au fonctionnement coûteux, les dons servent rarement l’objectif initial de développement économique. Les USA ont récemment annoncé la suppression de 92% des financements de programmes à l'étranger de l’USAID et l’APD européenne pourrait baisser de 30 ou 40 % au cours des prochaines années. Les pays d’Afrique subsaharienne compteront parmi les plus impactés.

Pourquoi la création spécifique des Etats Unis d’Afrique subsaharienne est nécessaire  

Plus on agrandit le spectre moins on parvient à rassembler. Le cadre trop large de l’Union Africaine (UA) ne lui permet pas de fédérer et la multiplicité de ses objectifs conduit à l'immobilisme depuis 60 ans. Aussi convient-il de ne pas reproduire les mêmes erreurs. L’orientation doit être précise et la vision claire.

Une appartenance au même continent ne motive pas systématiquement une union de l’ensemble des pays. Citons les USA qui ne comptent guère le Canada, le Mexique ou Cuba ni d'autres pays d'’Amérique Centrale et du Sud. Une union économique d’Etats dont la plupart des intérêts diffèrent, s’avère rarement bénéfique pour l’ensemble de ses pays membres. Il faut tenir compte de paramètres économiques, historiques, culturels, sociologiques et géopolitiques. Aussi le cadre d’une union africaine subsaharienne apparait plus adapté. 

De mêmel’axe politique ou idéologique de développement Europe-Méditerranée-Afrique souvent prôné par des personnalités politiques françaises dont les intérêts ou les liens avec des pays du Maghreb ont parfois été démontrés, questionne. Ce travail de lobbying, également exercé par l’Union européenne mais aussi par les Etats-unis d'Amérique avec un axe USA-Maghreb-Afrique, favorise la constitution de hubs technologiques, industriels et financiers sur la rive sud de la méditerranée. Mais il peut sembler inapproprié car de nature à instaurer une hiérarchie économique, politique et religieuse entre les pays arabes du nord du continent et ceux de l'Afrique subsaharienne. Il est peu certain que les subsahariens apprécient ces manœuvres et une évidente préférence.  

Pour stabiliser l’Afrique subsaharienne, il faut d'abord recréer des équilibres. Les quelques pays méditerranéens concernés comptent moins d’une centaine de millions d’habitants quand les 48 pays subsahariens affichent une population 13 fois supérieure et une surface 4 fois plus importante. Pourtant, ni les pays méditerranéens ni les institutions internationales ni les colloques Europe-Afrique qui entretiennent une confusion entre les régions de l'immense continent, n'ont jamais reçu mandat du milliard trois cent millions d'habitants des Etats subsahariens pour parler au nom de l’Afrique entière et soumettre ainsi l'industrialisation et le développement de ceux-ci au bon vouloir de pouvoirs politiques aux intérêts opposés. Cette politique témoigne d’une incompréhension occidentale de l’Afrique et d’une vision surannée qui s'apparente à du colonialisme par procuration. Elle accentue une fracture observée depuis quelques années. Alors certes on peut rétorquer à cela que les grandes entreprises s’implantent là où la sécurité de leurs personnels est le mieux assurée mais les EUAS/USSA apportent des solutions. 

La fin du rêve d’un certain avenir en France constitue une raison supplémentaire de moderniser l'Afrique  

Avec 17/20 millions de personnes originaires du continent voisin comprenant les descendants des générations arrivées depuis les années 50, la France compte la 1ere diaspora africaine d'Europe ou la 2eme des pays occidentaux derrière les USA. Mais les espoirs de vie meilleure de candidats à l’immigration seront le plus souvent déçus. 5 millions de personnes françaises ou étrangères mal logées ou sans abri dont de plus en plus de femmes et d’enfants qui dorment sur les trottoirs froids de Paris, des milliers de mineurs étrangers non accompagnés (MNA) errants qui sont enrôlés dans des réseaux criminels pour dealer, commettre des vols et parfois des meurtres, près de 15/20 000 jeunes filles de 12 à 17 ans placées sous la protection de l'Aide sociale à l'enfance (ASE) mais qui doivent vendre leurs corps sous la menace de proxénètes, de nombreux migrants qui succombent au crack, des moeurs violentes et une insécurité croissante pour les femmes, des salaires qui ne permettent plus de payer un loyer, se chauffer et manger à sa faim mais aussi des services publics d'éducation, santé et police débordés.

Mais les gouvernements français favorisent une forte immigration qui permet de gonfler artificiellement les chiffres de la croissance d'un PIB national en berne depuis le début des années 2000 et de dissimuler ainsi l’échec de leurs politiques économiques. Le nombre de migrants légaux et illégaux qui arrivent en France, atteint 500 000 chaque an. Les dizaines de milliards d’euros d’argent public empruntés sur les marchés de capitaux et ensuite versés aux nouveaux consommateurs ou dépensés en frais associés, donnent l’illusion d’une économie dynamique même si bon nombre d’achats financés sont importés et ne créent pas d’emplois industriels. Chacun comprendra que la France très endettée ne pourra plus continuer très longtemps cette politique de fuite en avant ou de cavalerie financière. Parmi les autres effets délétères, la fragilisation de familles d'origine africaine précédemment arrivées qui pensent, comme toutes celles exposées à la misère, que les dernières vagues d’immigration les confrontent un peu plus aux problèmes de logement, d’emploi et d’insécurité. D'autres pays de l’UE connaissent des difficultés similaires à des degrés divers.

L’offensive de la Chine et de quelques autres pays envers la France et l'occident, appauvrit les africains  

L’UE dont notamment la France et les USA, totalisent une diaspora qui avoisine 100 millions de personnes originaires d’Afrique. Bien qu’ayant souvent adopté la nationalité de leur pays d’accueil, ceux-ci transfèrent régulièrement une part de leurs revenus à leurs familles restées en Afrique. Ce montant annuel de 100 milliards de dollars, contribue à apporter un peu de stabilité politique et économique dans des régions en proie à de multiples difficultés.

Mais quand les pays occidentaux s’affaiblissent, ce sont les foyers issus des vagues d’immigration récentes, qui s’appauvrissent le plus ou sont touchés par le chômage. Ils doivent alors rogner sur les sommes expédiées à des familles qui attendent parfois ces subsides pour se nourrir. De plus,  quand les entreprises françaises extraient des ressources énergétiques ou des minéraux critiques en Afrique, les milliards d’euros de taxes et d’impôts français dont elles s’acquittent, financent des aides et services publics qui profitent après aux familles africaines de France comme aux autres et participent d’une activité économique générale qui fournit de l’emploi au plus grand nombre. Le pétrole fait aussi rouler la voiture qui amène leurs enfants à l’école et l’uranium alimente la centrale nucléaire qui les éclaire, les chauffe et leur offre toute la modernité.  

La Chine interne et esclavagise encore aujourd'hui des Ouïghours, Kazakhs et autres minorités musulmanes. Alors qu'attendre de sociétés chinoises qui viennent avec leurs  personnels et considère que seuls quelques emplois très subalternes ou proches de l’esclavage comme ceux de dizaines de milliers enfants qui creusent les mines, peuvent être remplis par la main d’œuvre locale. Le plus souvent, les Etats africains n'obtiennent que le paiement d’un modeste droit de concession souvent sous-évalué. Les africains qui vivent en France et ceux qui résident en Afrique, ne récolteront jamais des fruits de l’enrichissement de la Chine ou d’autres pays comme l’Inde, la Russie, des pays du Proche-Orient et Moyen-Orient etc.

Des interdépendances économiques entre l’Afrique subsaharienne et les pays occidentaux qui hébergent les diasporas africaines, sont certaines. Ainsi, quand un Etat africain pense négocier un contrat avantageux avec certains pays, il peut en réalité appauvrir le pays d'accueil d'une diaspora qui diminuera ensuite sa contribution à son économie de plusieurs centaines de millions ou milliards d’euros à terme. 

Quand des dictatures ressuscitent la période coloniale française pour s’exonérer de leur pillage de l’Afrique subsaharienne    

Les dictateurs tels que Xi Jinping ne sont guère les amis des peuples africains. La Chine et d’autres pays continuent en 2025 de torturer et d’assassiner leurs opposants politiques mais tentent par ailleurs de justifier leur colonisation de l’Afrique, en convoquant la lointaine période coloniale de la France dont les derniers acteurs ont rendu l’âme depuis très longtemps.

Aussi est-il regrettable que de supposés intellectuels et militants politiques français ou africains en mal de reconnaissance exhument aussi le colonialisme pour en faire un combat idéologique et leur fonds de commerce médiatique. Ceux-ci prennent cependant soin d'occulter la traite négrière arabo-musulmane qui a duré 13 siècles ainsi que la traite intra-africaine. Mais en jouant contre le camp économique de la France et de l’Afrique, ils se révèlent complices objectifs de dictatures étrangères violentes et du djihadisme islamique qui gangrène toute l’Afrique quand au contraire, la majorité des 17/20 millions d’habitants d’origine africaine qui vivent dans l’hexagone et leurs familles et amis qui vivent en Afrique ne sont pas dupes et ne souhaitent pas ouvrir des cicatrices et polémiques dépassées qui pourraient diviser et aller ainsi à l’encontre du développement de l’Afrique et d'un objectif plus vital de réduction de la pauvreté et de la faim. Aujourd’hui, ils aiment pour la plupart la France et se soucient surtout de leur avenir mais beaucoup s’inquiètent néanmoins de la mainmise de nouvelles puissances étrangères sur les richesses de l’Afrique subsaharienne.

Une relation française et des liens avec l’Afrique subsaharienne sans équivalents dans les autres pays

Avec la plus importante diaspora africaine d’Europe, une histoire commune, une langue francophone et un lien vivant avec de nombreux pays, la France est sans conteste le pays occidental le plus proche de l’Afrique subsaharienne et celui qui la comprend le mieux. Mais on peut regretter que les gouvernements français qui se succèdent depuis 60 ans n’aient pas su mieux cultiver ce lien particulier. La France recèle un grand nombre de professionnels diplômés qui ont souvent conservés des liens forts avec les membres de leurs familles dans des pays que leurs parents et grands-parents ont quittés il y plusieurs dizaines d’années. Bon nombre parmi eux pourraient vouloir travailler à nos côtés pour construire l’Afrique de demain. Citons pour exemple ce discours très inspirant prononcé lors d’un colloque franco-africain par une experte en Douane Franco-Gabonaise née en Afrique « je porte en moi ce lien vivant entre l’Afrique et la France. Un pont entre deux cultures, deux territoires, une même langue : le français, moteur d’échanges humains et économiques. Aujourd’hui, ce métissage prend tout son sens dans mon parcours professionnel, tourné vers les échanges internationaux et la coopération économique francophone. Une expérience riche, rassemblant des femmes et des hommes venus du Gabon, de la France, du Congo Brazzaville et Kinshasa, du Cameroun, Tchad, Sénégal, Côte d’Ivoire, Togo, Bénin mais aussi de la diaspora africaine de France. Un symbole fort du lien entre nos rives, nos pays, nos énergies ».

La genèse du programme d'industrialistion de l'Afrique subsaharienne 

La méthodologie à 360° des Etats-Unis d’Afrique subsaharienne (EUAS) ou United States of Sub-Saharan Africa (USSA), permet de proposer une approche holistique autour d’une synchronisation de tous les vecteurs de développement. Ce dernier volet est le fruit d’une  synthèse des travaux de prospective économique entrepris depuis plusieurs années dont le Plan de régionalisation de production Europe Afrique qui prône une importante collaboration entre l’Europe et l’Afrique subsaharienne pour transférer des savoir-faire et technologies industrielles indispensables au développement, le Programme pour l'industrialisation de l'Afrique subsaharienne en moins de 20 ans qui expose un plan concret de 1 000 milliards d’euros (1 trillion US dollars) financé par un fonds dédié et Africa Atlantic Axis qui trace de nouvelles voies d’exportation lors de l’industrialisation africaine. International Convention for a Global Minimum Wage permettrait d’accélérer l’éradication de l’extrême pauvreté et de la malnutrition.

Les solutions avancées sont elles-mêmes issues d'un cheminement intellectuel réalisé au cours de longs travaux de recherche et milliers de pages rédigées depuis plus de 15 ans en matière d’équilibres structurels et financiers détruits au sein d’économies occidentales et des réponses à apporter dont une part publiée dans des médias nationaux français et étrangers. Afin de mieux appréhender l’esprit des États-Unis d’Afrique subsaharienne, il faut revenir sur le concept économique Collectivité Nationale publié sur le site du Figaro en mai et juin 2016 puis en septembre 2017. Bien que devant être mis en œuvre par la structure de droit privé dotée d’un fonds d’investissement, le projet Collectivité Nationale pourrait revêtir à terme un caractère officiel avec une inscription dans le marbre de la constitution française qui pérenniserait un devoir de souveraineté et de protection d’intérêts nationaux trop souvent bradés. A son instar, le concept EUAS/USSA développé selon un même processus, prévoit de transférer la marque d’exploitation « États-Unis d’Afrique subsaharienne » à l'organisation africaine officielle qui sera créée au terme de la mission.  

Filiation intellectuelle et conceptuelle entre Collectivité nationale et États-Unis d’Afrique subsaharienne 

Les concepts économiques Collectivité nationale et États-Unis d’Afrique subsaharienne s’inscrivent dans une même logique : créer ou restaurer des équilibres économiques et sociaux que la mondialisation et les choix financiers passés ont fragilisés. Le premier vise à réindustrialiser la France en fédérant épargne nationale, investisseurs privés et État au sein d’un dispositif autonome mais aligné sur l’intérêt général. Le second transpose cette démarche à l’échelle régionale, en proposant une coopération pragmatique capable de libérer l’Afrique subsaharienne de sa dépendance extérieure et de l’inefficacité de l’aide publique au développement. Tous deux reposent sur une conviction centrale : seule une approche systémique, articulant production, emploi, cohésion sociale et souveraineté économique, permet de recréer une dynamique de prospérité durable. Ils ne s’opposent pas mais se complètent et créent des synergies, traçant les contours d’une stratégie de développement intégrée, applicable aussi bien dans un contexte national européen que dans un cadre régional africain.

Des travaux économiques qui s'appuient aussi sur des fondements pertinents et solides

Les 2 projets s'ancrent dans une tradition qui va du nationalisme économique du XIXe siècle aux approches critiques contemporaines de la mondialisation. L'articulation de contributions majeures de cette pensée économique participe d'une continuité entre recherche académique et application stratégique.  

Politique industrielle et rôle de l’État : Dès la fin du XVIIIe siècle, Alexander Hamilton (Report on Manufactures, 1791) souligne que l’État doit jouer un rôle moteur dans l’industrialisation par des mécanismes de protection (tarifs), de soutien (subventions) et d’investissement (infrastructures). Friedrich List (1841) approfondit cette logique avec la notion de protectionnisme éducateur, qui postule que les industries naissantes doivent être protégées jusqu’à atteindre une compétitivité internationale suffisante.

Croissance et innovation : Les théories de la croissance endogène (Romer, 1990 ; Lucas, 1988) démontrent que l’innovation, le capital humain et la recherche-développement sont des moteurs internes essentiels de la croissance économique durable. Au moment où l’IA s’impose, les approches schumpétériennes (1939) qui insistent sur l’importance de l’innovation sont plus que jamais d'actualité.

Industrialisation et rattrapage : Paul Rosenstein-Rodan (1943) développe la théorie du big push, selon laquelle des investissements massifs et coordonnés enclenchent le processus d’industrialisation. Alexander Gerschenkron (1962) montre quant à lui que les pays en retard peuvent accélérer leur rattrapage en s’appuyant sur des institutions financières adaptées et des investissements lourds.

Dépendance et domination : Raúl Prebisch (1950) et André Gunder Frank (1973) mettent en évidence que le sous-développement résulte moins d’un retard structurel que d’une insertion asymétrique dans le système capitaliste mondial, où le « centre » exploite la « périphérie ». Cette lecture critique justifie la recherche d’autonomie productive et commerciale, notamment en Afrique subsaharienne.

Régulation sociale : Joan Robinson (1962) rappelle que le fonctionnement spontané du marché du travail produit des déséquilibres et des inégalités. Elle insiste sur la nécessité de régulations publiques — telles que le salaire minimum ou des normes sociales — pour protéger les travailleurs et préserver la cohésion sociale.

Vision systémique et compétitivité : Enfin, Michael Porter (1990) introduit l’importance des clusters et des écosystèmes industriels dans la compétitivité nationale. Cette approche souligne la pertinence d’une stratégie intégrée, combinant industrie, emploi, innovation et institutions.

Collectivité nationale s’inscrit dans la tradition de Hamilton, List, Romer et Robinson, en articulant politique industrielle, innovation et régulation sociale. États-Unis d’Afrique subsaharienne prolonge les analyses de Prebisch, Frank, Gerschenkron et Rosenstein-Rodan, en insistant sur l’autonomie régionale et le rattrapage coordonné. Ensemble, ils traduisent une même logique systémique : industrialiser, protéger, investir et réguler afin de bâtir une prospérité durable et partagée. Cependant, à l'heure l’IA rebat sans cesse les cartes de l’économie mondiale, il nous faudra ajuster notre modèle pour en tirer le meilleur parti.  

Impacts potentiels de l’IA sur les deux projets et pistes pour en tirer parti

L’intelligence artificielle (IA) est une technologie de rupture qui transforme radicalement les modèles de production, de distribution et de gouvernance. Dans le cadre des projets Collectivité nationale et États-Unis d’Afrique subsaharienne, son rôle est double : instrument de modernisation industrielle et levier d’autonomie stratégique.

En ce qui concerne le concept Collectivité nationale, centré sur la réindustrialisation et la souveraineté productive française, l’IA peut compenser le déficit d’économies d’échelle par une automatisation. Les usines intelligentes, dotées de systèmes prédictifs, permettront de réduire les coûts de maintenance, d’optimiser l’utilisation des matières premières et de limiter les ruptures d’approvisionnement. L’IA renforcera aussi la qualité et la traçabilité, notamment dans la pharmacie, l’agroalimentaire et les biens technologiques. Sur le plan organisationnel, elle facilitera la mise en réseau de PME et de clusters régionaux, selon une logique d’écosystèmes industriels intégrés. L'IA représente un atout pour la recherche et l’innovation, permettant d’accélérer le développement de médicaments, matériaux ou procédés énergétiques, soutenant ainsi la compétitivité à long terme.

Pour le projet les États-Unis d’Afrique subsaharienne, l’IA constitue une opportunité de "leapfrogging" soit un saut technologique permettant de surmonter certaines étapes classiques du développement même s'il faudra en préserver certaines pour créer les centaines de millions d’emplois dont l’Afrique subsaharienne a besoin. Dans l’agriculture, l’IA appliquée à l’imagerie satellite ou aux capteurs connectés favorise l’agriculture de précision, améliorant rendements et durabilité. Dans la santé, des solutions de diagnostic assisté par IA peuvent pallier le manque de médecins et d’infrastructures, tandis que l’éducation numérique élargit l’accès au savoir, y compris dans les zones rurales. Dans la finance, l’IA renforce l’inclusion grâce aux systèmes de paiement mobile et aux outils de micro-assurance. Sur le plan institutionnel, elle permet de fiabiliser les statistiques publiques, de soutenir la planification économique et de renforcer la lutte contre la corruption via des systèmes de suivi automatisé.

Dans les deux cas, il nous faudra éviter une dépendance accrue aux seuls acteurs extérieurs qui nous ferait subir une domination technologique et économique. Il sera nécessaire de développer des compétences locales, d’investir dans des infrastructures de données souveraines, et de promouvoir des partenariats équilibrés. L’IA sera ainsi un vecteur de souveraineté et d’inclusion. Elle doit être intégrée comme un pilier transversal des deux projets, au service d’une réindustrialisation durable, d’une autonomie régionale et d’une prospérité partagée.

Comment financer l'industrialisation de l'Afrique subsaharienne 

Le fonds d’investissement dédié au « programme pour l’industrialisation de l’Afrique subsaharienne » devra se doter 1 000 milliards d’euros en 20 ans. Il sera abondé par des capitaux privés et le transfert d’une part de la dotation annuelle (224 milliards de dollars en 2023) d’aide publique au développement (APD) bilatérale et multilatérale fournie par les 32 pays du Comité d'aide au développement (CAD) de l’OCDE. Nous pourrions aussi orienter une part des 300 milliards de dollars annuels de prêts ou dons promis au pays en développement dans le cadre de la COP 29.

Le programme d'industrialisation s’organisera ainsi : 30 % sera consacré à la création de 100 zones d’activités industrielles et commerciales modernes et sécurisées dans une quarantaine de pays. 40 % ira vers des prêts aux entreprises locales et étrangères, participations dans des projets à haut potentiel. 30 % servira à ériger 100 villes écologiques proches des zones industrielles qui accueilleront 150/200 millions d’habitants. 

Il est certain que les pays donateurs préfèreront convertir leur argent public en capitaux privés placés dans un fonds d’investissement qui les préservera et les rétribuera. Cette bonne gestion de deniers publics auparavant dépensés à fonds perdus avec peu d’efficience sur le développement des pays aidés, satisfera chacun. Les montants seront déductibles des contributions annuelles d’aide proportionnelle au revenu national brut (RNB) recommandée par l’ONU.

Il nous faudra néanmoins, en attendant que les projets industriels produisent des effets, user de dispositifs de compensation et nous adosser à des investissements extérieurs afin de satisfaire aux impératifs de rentabilité et de garantir ainsi aux pays investisseurs, un rendement minimum dès la première année. Le cap clair de notre concept d’écosystème financier et industriel qui tracera de nouvelles voies, séduira un univers de la finance et de l’entreprise en quête de perspectives dans un environnement géopolitique mondial en mutation.

Gouvernance, transition et évolution de la structure  

D'abord outil de gestion privé et opérationnel, l'EUAS/USSA aura vocation à devenir au terme de la mission, une organisation officielle africaine de référence, garante d'une unité régionale et des intérêts des pays qui la composeront. Afin d’y parvenir mais aussi de répondre au mieux dans cet intervalle aux attentes de centaines de millions d’africains en matière d'éradication de l'extrême pauvreté et de la malnutrition, d'emploi, de sécurité et de modernisation de la région, la gouvernance de l'entité exécutive qui posera les bases de la construction de la future institution internationale, s'articulera autour d'une équipe solide et expérimentée de très haut niveau composée du fondateur du projet, d'une présidente, de directeurs généraux et chefs de projet comptant parmi les meilleurs spécialistes mondiaux en chaque domaine. Leur détermination et leur efficacité sauront convaincre les marchés financiers et des grandes entreprises de rejoindre le programme et de créer de l’activité.    

Sans sécurisation, il sera peu aisé de faire venir les capitaux et les grandes entreprises occidentales

Le colonel Mouammar Kadhafi souhaitait une armée des États-Unis d‘Afrique pour défendre le continent contre des agressions extérieures ou porter le fer hors des frontières. Mais à part peut-être la Chine qui a commencé à mettre l’Afrique en coupe réglée pour s’approprier ses terres rares ou agricoles, on ne voit pas qui serait assez fou pour déclarer la guerre à 48 pays. Aussi faut-il une armée adaptée aux problématiques sécuritaires actuelles avec à la fois un rôle militaire et de gendarmerie et des hommes parfaitement entrainés et rompus à la guerre pour affronter une menace djihadiste parfois guidée et financée par des puissances étrangères qui profitent des désordres occasionnés pour s’enrichir ou imposer leur idéologie. Cette force doit être aussi capable de résoudre humainement des conflits ethniques entre populations locales. A cet égard, la création d’un nouvel échelon de juridiction irait de pair. Au-delà de l’enjeu sécuritaire, une armée forte et une justice impartiale, constitueront des vecteurs d’unité et de fierté africaine. Cela construira l’Afrique de demain.

La protection des nouvelles zones industrielles installées et des sites miniers les plus convoités nécessitera un effectif de 100/120 000 hommes à l’horizon 2040/2050 avec un objectif de 40 000 hommes en 2030, encadrés, formés et bien armés, mobiles et équipés de moyens d’intervention rapides, logés dans des bases militaires, correctement rémunérés et peu corruptibles. Parallèlement, une force militaire de maintien de la paix et d’intervention qui montera en puissance pour atteindre un nombre de 600 000 hommes en 2050, se greffera au premier dispositif et pourrait pacifier l’ensemble de la région ou prévenir d’autres situations de danger. Par ailleurs, des pays comme la RDC, le Mali, le Niger, le Burkina-Faso, le Mozambique, la République centrafricaine et de nombreux autres pays qui disposent d’importantes réserves minières convoitées par des pays voisins hostiles ou des djihadistes, qui ont déjà perdu ou perdront des mines, pourraient aussi considérer tout l'intérêt d’une mutualisation de moyens économiques et militaires.  

Au rythme démographique et de croissance actuelle, le PIB annuel de la région devrait atteindre 6 000 Mrds d’euros pour la région en 2050. Un budget militaire annuel de 25 Mrds d’euros pour une armée de 700 000 hommes dont matériels terrestres, d’aviation et de marine, n’en constituerait que 0.4 %. Comparativement, un pays comme l’Inde dont le nombre d’habitants est proche de celui de la population totale des pays d’Afrique subsaharienne, consacre 80 Mrds de dollars par an à sa dépense militaire soit 2 % de son PIB de 4 000 Mrds de dollars pour un effectif de 3 millions de membres actifs dont la moitié de forces paramilitaires. La Chine consacre 1.7 % du PIB avec 2.3 millions de militaires et 220 Mrds de dollars.  

Cependant, compte tenu d’une structure géographique, économique et politique très différente mais aussi d’une dépendance financière croissante envers la Chine qui grèvera les budgets et qui par ailleurs,  impose peu à peu ses sociétés militaires privées, il n’est même pas certain que notre hypothèse raisonnable et basse de dépense militaire puisse être facilement financée par des Etats qui rechigneront à mettre la main à la poche et préféreront le plus souvent conserver leur armée nationale avant la constitution d’une armée africaine dont l’importance garantirait la sécurité de leurs pays. 

Mais sans sécurité, il est difficile de faire venir des capitaux et des industries et à l’inverse, sans prospérité, pas de budget pour une armée moderne. Il faut donc sortir de la quadrature du cercle en restructurant l’économie et en créant de nouvelles ressources.

Des mandats de gestion afin que l’armée et l’économie soient financées par de nouvelles ressources   

La structure ad hoc qui réunira en son sein un ensemble d’expertises spécifiques dont même les gouvernements africains les plus pléthoriques ne disposent pas, sera ainsi taillée pour les plus grands défis. Celle-ci pourrait se voir confier des tâches relevant habituellement des attributions de ministères et bénéficier de transferts de compétences nationales indispensables à l'accomplissement du projet global sans pour autant entamer la souveraineté d'Etats puisque cela s’apparenterait plutôt, au regard de notre statut, à un mandat de gestion délivré pour un temps déterminé à un prestataire de services chargé de négocier au plus près des intérêts de ses clients. 

Ces mandats de renégociation et de gestion confiés à l’EUAS/USSA constitueront des instruments puissants de transformation économique qui permettront parfois de contourner des blocages structurels. Ils concerneront principalement les contrats commerciaux et miniers, flux économiques et douaniers, ports, structuration fiscale et sociale.  Une stratégie minière pourrait multiplier le PIB minier et les recettes publiques captées. De nouveaux tarifs douaniers protégeront mieux les emplois informels face à la submersion de produits chinois bas de gamme et favoriseront la création de nouveaux postes dans des industries. Une harmonisation administrative à l’échelle de la région et une base de données partagée, fluidifieront une coopération entre les Etats et prépareront une future Afrique unie.

Ainsi ces mesures procureront 2 000 Mrds d'euros supplémentaires d’ici 2050 à l’Afrique subsaharienne et permettront donc de financer le coût militaire de 400 milliards d’euros en 25 ans mais aussi des infrastructures et services publics dans tous les pays et s’ajouteront aux 1 000 Mrds d’euros du plan d’industrialisation. Mais d’autres axes de financement sont à l’étude. Les sommes cumulées décupleront les effets positifs sur l’économie de la région subsaharienne. De plus, le haut niveau de traitement des militaires fera émerger une classe moyenne supérieure en termes de revenus qui réinjectera dans l’économie africaine les milliards d’euros perçus et permettra aussi de mieux structurer la société civile. Une indispensable exemplarité fournira un précieux modèle à une jeunesse souvent tournée vers l’occident.  

Une possible complémentarité des EUAS avec l’UA et la ZLECAF 

Depuis la création de l’Organisation de l'unité africaine (OUA) en 1963 remplacée par l'Union africaine (UA) en 2002, les tentatives d’intégration économique n’ont jamais porté pleinement leurs fruits. Le cadre de libre-échange de la ZLECAF est utile mais peut apparaitre trop endogène et impuissant sans base industrielle africaine solide. Aussi ces 2 organisations pourraient stagner encore longtemps. En revanche, le projet États-Unis d’Afrique Subsaharienne (EUAS) qui bénéficie d’un programme structuré pour l’industrialisation de l’Afrique subsaharienne, s’affirme déjà comme la référence pragmatique en matière d’industrialisation et son modèle pourrait progresser indépendamment d'autres structures existantes. Pour autant, l’EUAS est consciente de l’importance de la légitimité politique que l’UA pourrait lui apporter. Le travail accompli par la ZLECAf pour harmoniser les normes et fluidifier les échanges intrarégionaux apparait aussi utile. Loin de s’opposer, ces 3 initiatives pourraient s’enrichir mutuellement : l’UA par sa diplomatie, la ZLECAf par son cadre d'échanges, l’EUAS par son efficacité opérationnelle. Cette synergie n'exclurait aucune institution mais capitaliserait sur leurs forces respectives. Elle offrirait ainsi à l’Afrique subsaharienne, une feuille de route crédible pour transformer son potentiel en prospérité.

Pourquoi la France et l’UE mais aussi les USA ne pourront qu’adhérer au projet Etats-Unis d’Afrique subsaharienne

Pour des raisons économiques d’abord car la france est en panne de croissance depuis de nombreuses années, l’Allemagne longtemps épargnée voit maintenant son économie reculer et bon nombre d’autres pays de l’Union européenne connaissent de semblables difficultés. Aussi faut-il créer de nouveaux marchés pour retrouver de l’activité et de la croissanceDans le cadre d’une régionalisation de productions industrielles entre les deux continents, le projet Etats Unis d’Afrique subsaharienne et son programme pour l’industrialisation de l’Afrique subsaharienne pourraient offrir à la France et à l'UE de nouvelles perspectives d’échanges. De plus, l’émergence de centaines de millions de nouveaux consommateurs de classes moyennes et supérieures pallierait dans les secteurs de l’automobile allemande et du luxe français, la perte ou la diminution du nombre de clients américains ou chinois.   

Puis pour des raisons géopolitiques car l’Europe est de plus en plus exclue d’une politique internationale ou les États-Unis, la Chine, la Russie et l'Inde apparaissent comme les principaux acteurs d'un monde désormais structuré autour d'intérêts divergents, d'idéologies opposées et de conceptions concurrentes de la puissance. L’Occident a commis l’erreur historique de pousser progressivement la Russie, plutôt européenne, dans les bras de la Chine, maintenant rejointes par l’Inde pour constituer un nouvel axe d’influence. Mais les grandes puissances redéfinissent activement leur stratégie, leur discours et leur position sur l'échiquier mondial. A présent, cette situation représente une menace pour la sécurité et la stabilité en Europe.

L’alliance de circonstance et contre nature entre la Russie, la Chine et l’Inde ne sera guère pérenne mais il s’avérerait néanmoins inconséquent que la France et l’UE ignorent l’unique projet qui leur permettraient de se réconcilier avec certains pays africains et de consolider des rapports avec d’autres en évitant ainsi que les 48 pays d’Afrique subsaharienne leur tournent définitivement le dos et grossissent l’Axe Russie-Inde-Chine ou les BRICS. Par ailleurs, j’expliquai en octobre 2021 dans un article publié dans le Figaro, « Si l'Europe n'aide pas l'Afrique subsaharienne à s'industrialiser, l'immigration explosera »

Pour les USA, c’est l’opportunité de diversifier des chaînes d’approvisionnement et de sécuriser l’accès aux métaux stratégiques, tout en neutralisant l’avancée de Pékin via un partenariat gagnant-gagnant. L’Afrique subsaharienne, lasse des ingérences et des partenariats prédateurs, souhaitent désormais une relation plus équilibrée. Le modèle transitoire de coopération du projet Etats-Unis d’Afrique subsaharienne respectueux de la souveraineté des Etats et capable de convaincre la plupart des pays africains qui ne veulent plus d’une aide au développement (APD) post coloniale inefficiente, constitue une formidable opportunité pour restaurer la confiance entre l’Afrique et l’Occident. Pour les pays occidentaux, le coût de l’inaction serait bien supérieur à celui d'un fort engagement financier car perdre l’Afrique, c’est condamner leurs économies à une dépendance structurelle envers la Chine et à un déclin géopolitique accéléré.

L’Afrique subsaharienne ne deviendra pas miraculeusement le relais de croissance du luxe ou d’autres industries occidentales

Dans le magazine Jeune Afrique en aout 2025, on pouvait lire : "Vuitton, Dior, Cartier… Quand les grandes maisons de luxe cherchent des relais de croissance en Afrique" Oui mais le secteur du luxe shooté aux chiffres records chinois depuis deux décennies pourrait devoir attendre longtemps semblable miracle en Afrique subsaharienne. Avec un chiffre d’affaires ridiculement bas de 5.9 milliards de dollars réalisé par l’ensemble du luxe dans les 55 pays d’Afrique dont l’Afrique du Sud qui en concentre 2,3 milliards de dollars, les adeptes de luxe du continent africain ne sont pas près de compenser un futur recul de marchés européen, américain ou chinois d’un secteur du luxe qui totalisait un chiffre d’affaires de 1500 milliards de dollars en 2024. De même l’industrie automobile européenne est quasiment inexistante en Afrique subsaharienne. L’économiste Bernard Maris disait souvent « L’économie, ce n'est pas compliqué. Il faut que les gens qui travaillent, bouffent et consomment ce qu’ils produisent ». Autrement dit, si on ne crée pas d’emplois en Afrique subsaharienne, il n’y aura pas de marchés. Les industriels européens qui s’installent surtout aux deux extrémités du continent africain et espèrent que la cinquantaine de pays dont la démographie explose, finiront par produire une quantité d’individus de classe moyenne aisée ou supérieure susceptibles d’acheter leurs véhicules ou d'autres biens, devraient y penser. Aussi leur faudra-t-il d’abord construire des partenariats dans le cadre du programme, avant de profiter de nouveaux relais de croissance solides.   

Quel sera le taux de croissance généré en Afrique subsaharienne, France, Allemagne et Italie ?

Il est assez probable que les pays d’Afrique subsaharienne qui collaboreront avec les pays industriels européens dans le cadre du programme d’industrialisation des Etats-Unis d’Afrique Subsaharienne, verront souvent leur croissance exploser et que l’ensemble du continent sera irrigué. Certains pays pourront même s’enorgueillir de connaitre à terme des taux de croissance à deux chiffres.  

Dès que l’on commence à construire des scénarios, les chiffres donnent le tournis. On réalise alors que les possibilités sont innombrables et les perspectives de croissance, quasiment illimitées, mais ce sont surtout les moyens matériels d’une France qui s’est trop désindustrialisée et a perdu beaucoup d’entreprises industrielles et d’ingénieurs, qui manqueront et détermineront surtout nos limites pour aider bon nombre de pays d’Afrique subsaharienne à s’industrialiser. Alors certes, dès que nous commencerons à prendre ce nouveau virage, la longue expérience française en matière industrielle et des centaines puis des milliers d’entreprises industrielles qui souhaiteront s’investir dans de nouveaux marchés, l’excellence de nos écoles d’ingénieurs, un haut niveau en recherche et surtout le volume de capitaux qu’un tel projet international inédit qui pourrait impliquer une cinquantaine de pays partenaires africains et occidentaux, ne manquera pas de mobiliser, nous permettront d’augmenter rapidement nos capacités et de construire une nouvelle industrie en France et en Afrique. Nous pourrons probablement compter sur l’Allemagne et l’Italie qui ont su conserver davantage d’industrie mais dont les taux de croissance sont maintenant atones, pour relever le challenge à nos côtés. Ceux-ci profiteraient ainsi d'une relation unique de la France avec la région et du leadership d'un projet déjà connu de la plupart des acteurs économiques et politiques africains. 

Combien de points de croissance la France pourrait-elle gagner dans le cadre d’une coopération pour l’industrialisation d’une région de plusieurs dizaines de pays sans industrie qui comptera près de 2 milliards d’habitants d’ici 20 ans ? Tant les paramètres à prendre en compte sont multiples, 10 études qui seraient confiées à des cabinets économiques différents, ne produiraient certainement jamais le même chiffre d’évaluation des futurs taux de croissance respectifs qui pourraient être atteints par les pays d’Afrique subsaharienne, la France, l’Allemagne et l’Italie. Compte tenu d'effets d’entraînement macro-économiques et structurels, il apparait réaliste et raisonnable de tabler sur une fourchette de 1.5 à 2 % de croissance française supplémentaire annuelle avant 5 ans pour atteindre ou dépasser 4 ou 5 % de croissance annuelle dans environ 8 ou 9 ans. 

Un pays partenaire comme l’Italie pourrait bénéficier d’une croissance comparable et celle de l’Allemagne pourrait se révéler supérieure. A terme, cette croissance partagée, la meilleure santé d’entreprises françaises et les centaines de milliers d’emplois supplémentaires créés chaque année dans l’hexagone qui génèreront des cotisations sociales et des recettes fiscales, résoudront, à condition que la France soit mieux gérée, le problème du financement des retraites, le rééquilibrage de budgets déficitaires et une résorption progressive de la dette. 

Un projet africain majeur et historique qui pourrait initier un nouveau modèle de société

La fondation de l'OUA puis celle de l'UA furent des évènements historiques africains dont on peut néanmoins regretter une absence de vision prospective à la hauteur des enjeux. Pourtant en économie, la trajectoire est fondamentale. La région ne pourra se développer et la société se transformer positivement sans une forte adhésion des populations. C'est le sens de la trajectoire socio-économique que nous nous proposons de mettre en œuvre. De nature à favoriser un nouveau modèle de société et un contrat social africain qui profiteront au plus grand nombre, celle-ci pourrait répondre aux attentes : diminution de la pauvreté et de la malnutrition, davantage de sécurité, de stabilité politique et de bien-être des populations, de développement et de croissance, capacité pour des entreprises locales à investir et à créer de l'emploi mais satisfaction aussi de jeunes africains qui disposeront de l'opportunité de construire leur avenir et celui de l'Afrique dans la dignité au lieu de devoir émigrer par désespoir.

Le projet États-Unis d’Afrique Subsaharienne (EUAS) ou United States of Sub-Saharan Africa (USSA), réaliste, plébiscité et sans équivalent depuis les premières réflexions économiques il y a un siècle, promet de devenir le projet africain majeur et historique des prochaines décennies.

 

Francis journot est consultant, entrepreneur et fait de la recherche économique. Il est le fondateur du projet États-Unis d’Afrique subsaharienne et du Programme pour l’industrialisation de l’Afrique subsaharienne ou Africa Atlantic Axis. Il est aussi l’initiateur d'International Convention for a Global Minimum Wage  

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